La Chapelle ? La Chapelle n'a pas été construite au coeur de la Jarjatte, comme en atteste cette très belle image qui doit dater de la fin du 19ème (l'école n'est pas là, et cette dernière n'est arrivée qu'au tout début du 20ème).
L'image en dessous permet de se faire une idée de l'évolution du hameau, en plus ou moins 100 ans !
Simon Martin (qui fait parti des artistes exposant chaque été à la Chapelle) a effectué des recherches pour en savoir un peu plus.
Il a rédigé ce document pdf (ici) très riche en information, merci à lui.
Nombreux sont les randonneurs qui ont souffert dans la "montée du Lauzon", pour voir de leurs yeux ce petit lac d'altitude et la magnifique vue sur le vallon. Qu'auraient vu ces mêmes randonneurs il y a 8000 ans ? La question a été étudiée...
Un carottage a en effet été effectué par des scientifiques dans le lac en juillet 1997. L’analyse des sédiments argileux – en particulier les pollens - entre 40 cm et 4,5 m de profondeur a permis de mettre en évidence la disparition, il y a environ 5000 ans, des conifères autour du lac, remplacés par des plantes herbacées. De nombreux indices complémentaires indiquent que l'homme a brûlé la végétation pour obtenir des ouvertures. Les environs du lac du Lauzon ont été occupés et défrichés très tôt par l'homme pour obtenir des pâturages !
Ci-dessous nous vous proposons une traduction (certainement imparfaite) du résumé de l’article qui décrit ce travail. Et un schéma explicatif.
A côté de Lus-la-Croix-Haute (Alpes du Sud, Drôme, France), le lac du Lauzon est situé dans une petite cuvette à 1980 m d'altitude, à 500 m au-dessus de la limite actuelle des arbres, au milieu de prairies subalpines typiques. Un forage d'échantillons dans la zone humide bordant le lac a permis d'obtenir une carotte de sédiments fins argileux à forte teneur en matière organique, dans lesquels les pollens ainsi que de nombreux micro-organismes avaient été particulièrement bien conservés.
L'analyse des pollens et l'analyse des palynomorphes (1) non polliniques couvrent toutes deux une période allant de ca. 8000 cal. BP (2) à une époque sub-récente. L'analyse pollinique révèle la présence d'une végétation forestière florissante dominée par les sapins (Abies (3)), ainsi que les premiers signes d'activité humaine près du lac et de ses bassins voisins à l'époque atlantique (4).
Ces signes deviennent plus prononcés pendant la période sub-boréale à partir de 5450 cal. BP, avec une nette présence de pollen de céréales et de mauvaises herbes. Cette évolution est totalement confirmée par les palynomorphes non polliniques.
Depuis le Néolithique, chaque fois que l'analyse pollinique indique des défrichements ou des cultures, les palynomorphes non polliniques indiquent que l'homme a brûlé la végétation pour obtenir des ouvertures (présence de Chaetomium sp. (5)). L'augmentation de l'érosion au cours de la période sub-atlantique est révélée par la présence de Glomus cf. fasciculatum (6). De plus, les palynomorphes non polliniques donnent des informations sur l'eutrophisation du lac qui peut s'expliquer par des habitats plus riches en nutriments autour du lac en raison du pâturage et éventuellement de l'agriculture. La combinaison des deux types d'analyse permet de prouver que ce site élevé a été occupé et défriché très tôt par l'homme pour obtenir des pâturages et éventuellement des terres arables. Cela a conduit à la déforestation, qui a augmenté au cours de la période sub-atlantique, et a abouti aux prairies actuelles.
Sauf erreur de notre part (merci wikipedia) :
(1) Palynomorphes. Les palynomorphes sont des microfossiles à parois organiques. Ils sont définis par opposition à tous les microfossiles à parois minérales. Les palynomorphes sont d'origine continentale (algues d'eaux douces, spores, pollens…), ou bien d'origine marine (acritarches, dinoflagellés…) ou bien encore d'origine détritique (débris d'organismes, morceaux…).
(2) ca. 8000 cal. BP
ca. est une abréviation de circa (=about en anglais=environ)
BP, pour Before Present = Avant le présent. Attention, ce « présent » est fixé par convention par les archéologues à l’année 1950.
L'unité BP est généralement réservée aux datations radiocarbone, qui doivent être précédées de «cal» (ex. cal. BP) lorsque cette date est calibrée, comme ici.
(3) Abies est un genre d'arbres conifères faisant partie de la famille des Pinaceae (les sapins) et originaires des régions tempérées de l'hémisphère nord.
(4) L'Atlantique est une palynozone et une chronozone de l'Holocène. Elle correspond à un optimum climatique entre -7500 et -3800.
(5) Chaetomium sp. Les Chaetomium sont des espèces fongiques communes, répandus dans le sol et sur les matières végétales en décomposition
(6) Glomus cf. fasciculatum. Glomus est un genre de champignons mycorhiziens.